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Synthèse - Atelier Culture et Entreprenariat – le crowdfunding au service des startups

29 avril 2014

L’Hadopi, en partenariat avec Creative Valley, a tenu ce jeudi 24 avril 2014 le deuxième atelier Culture & Entreprenariat consacré au crowdfunding.

Cet événement a permis d’évoquer les points suivants :

  • Quel est le véritable intérêt d’utiliser une plateforme de crowdfunding pour augmenter le capital d’une entreprise ou amorcer un projet ?
  • Comment un porteur de projet peut-il lever des fonds sur une telle plateforme ?
  • Le retour d’expérience de startups de crowdfunding

Intervenants

  • Audrey Stewart, fondatrice d’Origin Investing, une société d’investissements
  • Alexis Grignon, fondateur de Canailles Dream, une marque de puériculture basée sur l'innovation de nouveaux produits
  • Nicolas Dabbaghian, fondateur et président de la société SPEAR, plateforme de crowdfunding solidaire
  • Nicolas Bailly, fondateur et CEO de Touscoprod, plateforme de crowdfunding spécialisée dans les films
  • Yann Gozlan, fondateur de Creative Valley et co-organisateur de l’atelier

Après une courte présentation par Yann Gozlan, le fondateur de Creative Valley, la discussion s’est installée entre présentation de chaque membre, échanges sur les questions relatives au crowdfunding et interrogations venant de la salle.

Introduction Yann Gozlan
Yann Gozlan est le fondateur de Creative Valley, un incubateur actuellement installé au Kremlin-Bicêtre et à Ivry-sur-Seine. En sa qualité de modérateur, Yann Gozlan a introduit l’atelier en présentant les différents intervenants et en rappelant l’importance du crowdfunding aujourd’hui, notamment d’un point de vue financier, pour les startups.

Approche préalable et définition du crowdfounding par Audrey Stewart
Le crowdfunding doit son existence à Mohamed Yunus, qui lança en 1976 au Bangladesh, avec une partie de ses étudiants, le premier système de micro prêt. Son but était de donner une opportunité financière à ses étudiants ayant peu de revenus et d’encourager leur indépendance. Le crowdfunding est un mode de financement participatif qui permet aux porteurs d’un projet de collecter des fonds auprès d’un public.

Il existe 3 types de crowdfunding : le don (reward, don, pré-achat) comme peut le proposer par exemple la plateforme KissKissBankBank, le prêt (rémunéré ou non rémunéré) tel que SPEAR, représenté par son fondateur Nicolas Dabbaghian lors de cet échange, ou l’equity (l’investissement au capital) tel que pourra le proposer d’ici septembre 2014 Origin Investing, représenté par Audrey Stewart, sa fondatrice lors de cette table ronde. Le marché du crowdfunding double chaque année et connait une prospère évolution. En effet, selon Massolution, en 2013, le montant des fonds collectés via le crowdfunding était de 78,3 millions d’euros (contre 7,9 Millions d’Euros en 2011).

Touscoprod - Nicolas Bailly
Touscoprod est une plateforme dédiée à l’univers de l’audiovisuel. Elle se présente comme un outil à la disposition des porteurs de projets tout en garantissant une indépendance dans sa gestion artistique des projets. Nicolas Bailly a ainsi précisé : « à travers le Crowdfunding nous tenons à créer une communauté fondée sur l'engagement, qui soutient ses projets ». Les porteurs de projets sont variés : journalistes, étudiants, réalisateurs de documentaires, longs métrage.

Depuis sa création, Touscoprod a rassemblé 2 917 974€ qui ont servi à produire 275 films. Le site affiche un taux de réussite des projets engagés de 52% et une moyenne de 8000€ de fonds obtenus pour chacun d’eux.

Origin Investing - Audrey Stewart
Audrey Stewart a présenté Origin Investing, une société qui offre à des investisseurs particuliers l’accès au capital de startups ayant fait l’objet d’une sélection préalable. Son but est de résoudre les problèmes d’accès au financement de ce type d’entreprise. Il s’agit d’une plateforme de co-investissement. Elle permet une prise de participation en actions dans les entreprises financées et une rétribution financière via les dividendes et la plus-value potentielle réalisée. Les investisseurs deviennent alors actionnaires. Pour chaque startup, un co-investisseur expert apporte une partie des fonds recherchés et devient l’interlocuteur unique de l’entrepreneur. A la différence des autres intervenants présents, Audrey Stewart, dont la plateforme n’ouvre qu’en septembre, a fait remarquer qu’elle finançait plutôt des entreprises que des projets, aux montants se situant entre 500 000 et 2 millions d’euros.

SPEAR - Nicolas Dabbaghian
SPEAR (Société Pour une Epargne Activement Responsable) est une plateforme de crowdfunding solidaire donnant le choix aux épargnants de soutenir le projet qu’ils souhaitent parmi ceux présentés. De forme coopérative, la société confère aux épargnants la qualité d’associé qui contribuent volontairement à parts égales en droits et en obligations. Les porteurs de projet doivent répondre en amont à une problématique sociale, culturelle ou environnementale. Selon Nicolas Dabbaghian, c’est un processus « sécurisant » puisque l’épargnant souscrit au capital de SPEAR (minimum 100€) et choisit ensuite un projet social pré-sélectionné par la plateforme. L’épargne est déposée auprès des banques partenaires qui la prêtent sous forme de crédit au projet sélectionné par les épargnants. Interrogé sur les formats de projets financés par SPEAR, Nicolas Dabbaghian a répondu qu’il n’existait pas vraiment de projet type.

SPEAR a ainsi pu financer 15 projets représentant plus de 2 millions d’euros, auprès de plus de 200 épargnants.

Canailles Dream -  d’Alexis Grignon
Alexis Grignon a fondé Canailles Dream, une société commerciale de conception, développement et commercialisation de nouveaux produits dans le domaine de la puériculture. Se demandant en amont « comment éviter le côté médiatique du produit tout en ayant besoin d’argent », il a eu recours à la plateforme KissKissBankBank pour financer une première maquette de son projet. Son objectif de 13 000 € a été atteint en 60 jours à l’aide de 86 personnes différentes. Dans la mesure où il n’a pu rassembler que 75% de la somme, il a dû financer les 25% restant. En effet, si l’objectif n’est pas atteint dans le délai imparti, la somme collectée est restituée à ses destinataires. Même s’il n’a pas caché le caractère éprouvant d’une campagne de crowdfunding, le financement participatif a été pour Alexis Grignon une première étape vers la levée d’autres fonds et un bon exercice de communication, élément primordial pour un tel engagement. Selon Alexis Grignon : « outre l’aspect financier, le financement participatif a été une première étape vers la levée d’autres fonds. Il établit un lien avec des personnes qui ont adhéré au projet et montre l’impact ainsi que la reconnaissance de celui-ci auprès des gens. Il force à formaliser un projet. »

Echange avec les intervenants
Une personne a demandé à Yann Gozlan s’il conseillait aux startups de son incubateur de passer par le crowdfunding. Ce dernier a répondu qu’ « il y a encore beaucoup de règles à écrire. L’enjeu marketing est important, c’est formateur pour le porteur car cela l’oblige à avoir un planning et des supports de communication précis ». Mais, selon lui, il faut que la création de valeur soit légitime et motivante pour les investisseurs.  Et c’est une démarche d’autant plus pertinente quand on a du contenu culturel.

Durant les échanges, Nicolas Baily fit remarquer qu’ « une campagne de crowdfunding ne s’improvise pas ». Il faut une certaine préparation du porteur du projet. Celui-ci doit « raconter l’histoire de l’histoire », notamment par le biais d’une vidéo.  Touscoprod accompagne d’ailleurs les porteurs en les conseillant au travers de réunions. « Le crowdfunding est un engagement dans les deux sens. Il permet de dynamiser le projet et le faire sortir d’une certaine opacité, sans laisser l’entrepreneur seul. C’est toute la force de ce système ».

Pour Audrey Stewart, « il faut se lancer. C’est la première fois qu’on va formaliser une offre, une proposition de valeur. Donc quand on se lance dans une campagne de crowdfunding, on a franchi une première étape majeure ».

Nicolas Dabbaghian a conclu en s’inquiétant du devenir législatif du crowdfunding et a encouragé les participants à se renseigner sur ses aspects avant de se lancer soit dans la création d’une plateforme de crowdfunding , soit dans une campagne de financement.