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Publication de l’étude sur les pratiques illicites de mise à disposition d’œuvres en ligne

16 novembre 2016

L’Hadopi publie une étude sur les pratiques illicites de mise à disposition d’œuvres en ligne, leurs représentations et motivations.

L’étude quantitative « Stratégies d’accès aux œuvres dématérialisées » (novembre 2013) avait permis d’estimer, à partir d’un échantillon large, que près de la moitié des consommateurs illicites (46%) disent avoir déjà fait usage d’au moins l’un des modes de mise à disposition étudiés :

  • le plus utilisé est la mise à disposition via les réseaux pair à pair/ torrent (23% des consommateurs illicites).
  • viennent ensuite notamment : la mise à disposition sur un espace de stockage de type cloud ou site de transfert (16%) ; l’envoi par email, SMS/ MMS d’un lien permettant d’accéder à un bien culturel (16%) ; la mise à disposition sur un site de téléchargement (15%).

Dans le cadre de sa mission légale d’observation, la Haute Autorité a souhaité mieux comprendre les motivations des internautes qui diffusent des œuvres en ligne, mais aussi le contexte dans lequel ces pratiques interviennent, à travers l’analyse du discours tenu par les sites illicites eux-mêmes à l’égard de ces pratiques.

L’Hadopi a donc conduit  avec l’institut Opinion Way entre avril et juin 2014, une étude sur les pratiques, principalement illicites[1], de mise à disposition de musique / vidéos clips, films et séries TV sur Internet, leurs motivations et les représentations qui leur sont associées.

Pour l’Hadopi, il était attendu de cette interrogation des comportements et attentes des internautes, qu’elle l’aide à mieux répondre à sa mission pédagogique d’encouragement au développement de l’offre légale :

  • en comprenant de quelle manière les sites illicites parviennent à impliquer leurs utilisateurs, au point de les inciter à adopter des pratiques illicites pour contribuer à leur modèle économique et parfois en organisant de véritables communautés ;
  • en construisant un discours et des projets pédagogiques de sensibilisation à la création et au droit d’auteur adaptés aux réalités des pratiques des internautes dans toute leur diversité.

Télécharger la synthèse globale de l’étude

L’étude comporte deux volets :

  • un volet qualitatif visant à comprendre les motivations à ces pratiques principalement illicites de mise à disposition des biens culturels dématérialisés sur Internet ;

Télécharger la synthèse de l’étude qualitative

Télécharger le rapport complet de l’étude qualitative 

  • un volet sémiologique sur le champ sémantique et les représentations liées à ces pratiques, les valeurs stéréotypées qui leur sont associées et la manière dont elles s’expriment sur Internet.

Télécharger la synthèse de l’étude sémiologique

Télécharger le rapport complet de l’étude sémiologique

La mise à disposition d’œuvres protégées est souvent qualifiée de « partage » par les internautes qui la pratiquent et par les sites qui organisent ces pratiques. Pour cette raison, le terme a fait l’objet d’une attention particulière dans l’étude sémiologique, qui analyse notamment les représentations attachées au mot « partage » et dans quelle mesure elles influent sur les perceptions et les motivations à mettre à disposition.

Principaux enseignements

L’étude qualitative réalisée auprès des internautes nous apprend qu’il existe une variété de pratiques de « partage » qui n’obéissent pas aux mêmes motivations ni au même niveau d’implication pour les internautes. Diffuser des œuvres sur un support physique (clé USB, disque dur) auprès de son entourage peut « faire plaisir » et alimenter le lien avec ses proches. Par ailleurs, la diffusion en ligne auprès d’anonymes via les réseaux de pair à pair/ torrent est souvent à visée surtout pragmatique : pouvoir continuer à consommer des œuvres en ligne.

L’étude a ainsi permis d’identifier des profils différents d’internautes qui adoptent des pratiques de mise à disposition d’œuvres sous droits. Si une minorité adopte un discours politique revendicatif d’accès libre à la culture pour tous sur les réseaux, symbolisé par le terme « partage », la plupart des internautes interrogés mettent à disposition des contenus culturels de façon à pouvoir continuer de télécharger des œuvres en respectant la règle du « ratio » entre mises en ligne et téléchargements imposée par certains sites illicites de pair à pair/ torrent.

L’étude sémiologique montre d’ailleurs l’importance du vocabulaire employé par les sites illicites pour décrire ces pratiques : « partager », « laisser tourner (le torrent) », « diffuser », « faire profiter », « alimenter ». Ces termes correspondent à des discours plus ou moins incitatifs des sites illicites auprès de leurs utilisateurs. En effet, le modèle économique de certains sites, de pair à pair/ torrent notamment, repose, au moins en partie, sur les contributions des internautes. Ils construisent donc des représentations très positives à l’égard de ces pratiques et les organisent à travers notamment cette règle du ratio entre le volume d’œuvres diffusées et le volume d’œuvres téléchargées. Cette valorisation du « partage » est donc liée au mode de fonctionnement du site.

 


[1] Certaines pratiques licites telles que la diffusion par les internautes de leurs propres créations ou un simple échange d’informations sur une œuvre à travers les réseaux sociaux sont apparues au cours de l’étude.

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