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CréART’UP : retour sur deux jours intenses pour mieux entreprendre dans la culture

5 décembre 2014

Les 25 et 26 novembre 2014, la première édition de CréART’UP proposait à des étudiants et entrepreneurs différentes tables rondes, conférences, séances de travail et pitchs, afin de les aider à formaliser et développer leur projet culturel.

Co-organisé par l’Hadopi, la Maison des Initiatives Etudiantes (MIE) de la ville de Paris, le dispositif Connecteur Etudiant de Paris Région Lab et Creatis, CréART’UP se tenait au 76 bis rue de Rennes, lieu connexe dédié à la fois à l’entrepreneuriat étudiant et aux projets audiovisuels des associations inscrites à la MIE de cet arrondissement.

Le coup d’envoi était donné le mardi 25 novembre en début de soirée, notamment marqué par la présence de Marie-Christine Lemardeley, élue adjointe à la mairie de Paris, chargée de l’enseignement supérieur, la vie étudiante et la recherche. Elle a appelé CreART’UP à venir réduire le « déficit de culture entrepreneuriale » existant aujourd’hui au sein des universités. Les co-organisateurs ont ensuite pris le relais et apporté leurs envies et espoirs dans le projet, avant de céder la place aux 10 pitcheurs sélectionnés : une dizaine d’associations et de startupeurs venus présenter leurs projets, parfois déjà bien avancés.

Le public, nombreux et essentiellement étudiant, a ainsi découvert des aventures lancées autour de l’exposition, du théâtre, de l’organisation d’événements musicaux, ou de cours de musique, mais aussi un guide touristique, un journal et même un juke box social. Les idées ne manquent donc pas ! En trois minutes à peine, chacun était invité à présenter son projet, ses attentes, ses doutes ou encore ses conseils précieux pour bien démarrer dans un environnement souvent difficile. La discussion s’est naturellement poursuivie par la suite de manière plus informelle entre la salle et les pitcheurs.

Le mercredi 26 novembre commençait très studieusement dans la matinée, proposant plusieurs heures de « speed diagnostic ». Plus d’une trentaine de projets en cours de maturation ont ainsi été exposés à une équipe de cinq professionnels issus du programme européen Europe Créative, de My Major Compagny, du Collectif MERCI ou encore de Creatis. Étudiants et jeunes entrepreneurs se sont ainsi confrontés aux regards et commentaires d’intervenants aguerris et sont repartis forts de nombreux conseils et nouvelles questions pour faire avancer leur réflexion ! Les porteurs de projets ont ensuite pu travailler sur les recommandations qui leur ont été faites au sein de l’espace de coworking pour étudiant et entrepreneurs.

Une table ronde animée par Yann Gozlan de Creative Valley avait ensuite lieu dans l’après-midi, sur le thème des financements et dispositifs d’accompagnement. Autour de la table, Alex Zordan, chargé de mission du Fonds pour la Création Musicale (FCM), Michael Goldman, président et fondateur de My Major Company, Soizic Huet, chargée de l'administration et du développement chez Creatis et Laurence Barone, chargée de mission au programme européen Europe Créative.

Chacun soulignera la nécessité, avant toute inscription à un incubateur ou demande de financement, de maîtriser toutes les composantes de son sujet. Et ce, qu’il s’agisse des aspects administratifs et juridiques, mais aussi de la portée du projet, son business model et son plan de développement sur plusieurs années. Il a d’ailleurs été rappelé de penser à la viabilité du projet de manière intrinsèque avant de penser à le faire vivre grâce à des subventions. Cependant, les acteurs ont également souligné l’inquiétude et les appréhensions du monde financier vis-à-vis du secteur culturel. A tort, comme ils le préciseront, avant de poursuivre sur les différents moyens de financement existants. La discussion a par ailleurs évoqué le crowdfunding, ce dernier constituant une étape pour définir précisément son projet et mesurer dans un premier cercle de connaissances l’impact de son travail. Cependant, il ne constitue souvent qu’un point de départ avant un financement plus conséquent. Néanmoins, chaque étape réussie permet une réassurance auprès des futurs partenaires, qui se sentent alors plus en confiance pour investir dans l’entreprise en devenir.

La conférence de clôture, animée cette fois par Frantz Steinbach, commissaire à la SACEM et Vice-président du réseau MAP - Musiques Actuelles, s’interrogeait pour sa part : « La culture doit-elle être un secteur rentable ? ». Pour y répondre, étaient présents Steven Hearn, auteur du rapport sur le développement de l’entrepreneuriat culturel en France remis en juin dernier à la ministre de la Culture et de la Communication, Laurence Goldgrab, conseillère déléguée auprès du Premier Adjoint à la Maire de Paris, chargée des questions relatives aux entreprises culturelles, Gilles Castagnac, directeur de l’IRMA Centre d'Information et de Ressources pour les Musiques Actuelles et Nadia Yahiaoui, vice-présidente de l'association SILHOUETTE, organisatrice du festival de films du même nom à Paris. Plusieurs positionnements sont venus structurer le débat. Dans un premier temps, une discussion s’est instaurée entre la notion de rentabilité et de profit. Ainsi, un accord s’est formé autour de la nécessité pour une entreprise culturelle d’être rentable, contrairement à la culture en général qui, elle, n’a pas nécessairement cette vocation. Cette première base du dialogue a ensuite permis d’analyser plus en profondeur la complexité du monde culturel, composé à la fois d’industries puissantes et ce dans tous les secteurs (cinéma, livre, jeu vidéo, etc.) mais aussi de start-up innovantes et d’un tissu associatif fort. Les entreprises leaders permettent au marché de vivre et leurs modèles installés poussent les jeunes entrepreneurs à élaborer des projets novateurs pour s’inscrire dans la rupture. L’apport du milieu associatif dans la culture est alors précisé, notamment pour son fonctionnement par projets, sans capitalisation ni création d’acquis sociaux. Toutefois, il est souligné que ce type de structure permet une vision désintéressée laissant parfois une plus grande liberté et une plus grande prise de risques. Enfin, une partie de la conférence était tournée autour des sources de financement elles-mêmes, l’avis général relevant un fort besoin d’hybrider les modèles économiques, en mêlant avec intelligence les apports du public et du privé. Le but étant d’une part de rendre possible l’existence et la pérennisation de projets d’intérêt généraux via l’apport du secteur public et d’autre part de voir intervenir des acteurs du secteur privé dans le financement d’entreprises, tout en ménageant une liberté des différents acteurs.

Plusieurs interventions de la salle sont venues compléter le débat, avant la clôture de CréART’UP version 2014. Les porteurs de projets ayant été séduits par cette initiative, les organisateurs envisagent de pérenniser l’événement et réfléchissent à la seconde édition qui devrait se tenir courant 2015.

Vous pouvez retrouver le live tweet de ces événements sur notre compte Twitter : @InsidOpi

Plus d’informations et la liste des partenaires, jeunes entreprises et associations présentes sur www.creartup.com

photos : Jonathan Benghozi