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Stratégies d'accès aux oeuvres dématérialisées

29 novembre 2013

Dans le cadre de sa mission d’observation, l’Hadopi a mené une étude qualitative et quantitative sur les stratégies d’accès, notamment illicites, développées par les internautes pour accéder à la musique, aux films et aux séries TV sur Internet. 

Pour préciser ces stratégies d’accès et en comprendre l’usage, cette étude confiée à l’institut CSA s’appuie :

  • Sur une série d’entretiens individuels semi-directifs in situ avec des consommateurs ayant des pratiques illicites majoritaires ou exclusives (« Phase qualitative »)
  • Sur un échantillon représentatif des consommateurs (licites et illicites) de biens culturels dématérialisés de 15 ans et plus, avec un focus (sur-échantillon) sur les consommateurs ayant déclaré des pratiques illicites. (« Phase quantitative »).

Téléchargez la synthèse quali/quanti de l'étude

Résultats

1)    L’étape de renseignement : le poids des habitudes
 
Qu’ils aient ou non une idée précise de l’œuvre qu’ils souhaitent consommer, les internautes interrogés s’inscrivent dans une certaine routine.

  • Pour rechercher des idées d’œuvres à consommer, ils se rendent le plus souvent sur leur site habituel d’accès aux œuvres, notamment pour la musique (51% des consommateurs, vs. 39% pour les séries TV et 34% pour les films). 
  • Pour accéder à une œuvre déterminée, la majorité des interviewés (50 à 55% selon le bien consommé) dit passer par des sites déjà identifiés et ensuite par les moteurs de recherche (pour 30 à 35% des sondés selon le bien consommé).

Pour ce qui concerne spécifiquement les pratiques illicites, on retrouve le poids des habitudes :  74% des consommateurs illicites déclarent préférer aller toujours sur les mêmes sites illicites qu’ils connaissent.
A noter, par ailleurs que 25% à 35% des consommateurs illicites (selon le bien) déclarent se rendre au moins une fois par semaine d'abord sur un site licite pour trouver des idées de biens à consommer ensuite de manière illicite.

2)    Les stratégies d’accès : la gratuité comme premier critère de choix 

Pour l’ensemble des consommateurs (licites et illicites), la gratuité est de loin le premier critère de choix d’un site quel que soit le bien, suivie de la légalité, toutefois plus en retrait auprès des 15-24 ans et des consommateurs illicites.

On distingue 3 types de stratégies mises en œuvre :

  • Les stratégies de repli : comment fait-on lorsqu’on ne trouve pas le bien convoité
  • Les stratégies de contournement : quelles stratégies pour ne pas « être repéré » ?
  • Les stratégies de partage : comment les biens culturels sont échangés entre les personnes ?

2-1 Les stratégies de repli

34% des consommateurs illicites déclarent privilégier un site licite lors de leurs recherches de biens dématérialisés mais se replier sur une stratégie illicite en cas d’échec.

2-2 Les stratégies de contournement (consommateurs illicites)

Plusieurs stratégies d’accès émergent auprès des consommateurs illicites, notamment :
•    l’accès à partir d’un lien illicite trouvé sur un Forum/ newsgroup (36% des consommateurs illicites l’ont déjà pratiqué)
•    l’accès à partir d’un lien illicite trouvé sur les réseaux sociaux (27%)
•    l’utilisation d’un débrideur pour consommer des musique/ films/ séries (22%)
•    l’utilisation d’un proxy pour télécharger des musique/ films/ séries (21%)

2-3 Les stratégies de partage

65% des consommateurs (licites comme illicites) ont déjà reçu des musique/ films/ séries TV via Clé USB/Disque Dur externe et 56% en ont déjà transmis de cette façon à une autre personne (ces chiffres atteignent 81% pour la réception et 73% pour la transmission chez les consommateurs illicites).

Pour ce qui concerne les consommateurs illicites, près de la moitié (46%) d’entre eux disent avoir déjà utilisé au moins l’un des modes de mise à disposition étudiés :

  • Le plus utilisé est le partage via les réseaux P2P/ torrent (23% des consommateurs illicites).
  • Viennent ensuite notamment : la mise à disposition sur un espace de stockage de type cloud ou site de transfert (16%) ; l’envoi par email, SMS/ MMS d’un lien permettant d’accéder illégalement à un bien culturel (16%) ; la mise à disposition sur un site de téléchargement (15%).

3)    L’étape de consommation : des œuvres récentes, en streaming, avec une montée en puissance du smartphone auprès des jeunes

Le streaming est le mode de consommation privilégié des œuvres, notamment la musique. On notera de plus que les convertisseurs (« stream ripping ») ont déjà été utilisés par 41% des consommateurs (musique ou films ou séries TV), que ce soit pour des contenus musicaux ou vidéo.

La consommation dématérialisée se fait le plus souvent sur des œuvres récentes (moins de 6 mois). Cette consommation d’œuvres récentes étant particulièrement marquée auprès des consommateurs illicites, notamment pour les séries TV : 71% d’entre eux déclarent consommer le plus souvent des séries TV de moins de 6 mois (69% pour la musique, 60% pour les films).

Concernant les supports d’écoute et de visionnage, on observe le développement de la consommation en mobilité pour la musique avec l’utilisation du smartphone par près d’un jeune de 15-24 ans sur deux (49%) pour cette catégorie de bien culturel.